RDC : Annulation du deuxième anniversaire du Festival Amani à Goma, une décision qui divise

RDC : Annulation du deuxième anniversaire du Festival Amani à Goma, une décision qui divise

Kinshasa, 15 novembre 2024 – À la veille de la célébration de la deuxième édition anniversaire du Festival Amani, prévue du 14 au 17 novembre 2024 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, une décision inattendue a secoué les esprits. Le maire policier de la ville a annoncé l’annulation de l’événement pour des raisons sécuritaires. Cette décision, justifiée par un contexte de tensions locales, a provoqué une vague de réactions mitigées, particulièrement au sein de la jeunesse et des artistes locaux.

Une décision décriée par les artistes et la jeunesse

Des voix influentes de la scène artistique congolaise, telles que Innoss’Baloume, ont exprimé leur indignation face à cette annulation. Pour Baloume, natif de Goma, cette décision représente un sabotage des initiatives populaires.

« C’est un sabotage des efforts des Congolais pour promouvoir la culture et soutenir les populations locales. Depuis des années, des concerts et rassemblements ont lieu à Goma sans entraves. Pourquoi toujours étouffer les initiatives qui profitent directement au peuple ? », s’est-il insurgé.

Innoss’B, de son côté, a rappelé que cette annulation intervient après d’autres mesures similaires ayant affecté ses propres projets humanitaires.

« La première fois, ce furent mes deux concerts humanitaires qui ont été annulés sans raison valable. Mon cœur continue de saigner. Pourquoi nous priver des rares moments qui rassemblent, réconfortent et valorisent nos efforts pour notre pays ? », a-t-il écrit dans un message empreint d’émotion.

Le message des artistes illustre un sentiment généralisé d’abandon parmi une jeunesse en quête de reconnaissance et de changement.

Un coup dur pour un symbole de paix

Depuis sa création, le Festival Amani a incarné une aspiration à la paix et à la résilience dans une région marquée par des décennies de conflits armés. Cette initiative rassemble chaque année des milliers de visiteurs et d’artistes venus de toute la région des Grands Lacs pour célébrer la culture, le dialogue et la solidarité.

Les organisateurs, qui avaient mené de longues consultations avec les autorités locales et des mouvements citoyens pour garantir le bon déroulement de cette dixième édition, ont exprimé leur profonde déception.

« Malgré les efforts consentis à tous les niveaux – local, provincial et national – et les correspondances envoyées depuis août 2024, nous prenons acte de cette décision. Cependant, nous restons convaincus de la noblesse de notre vision : promouvoir la cohésion sociale, l’entrepreneuriat des jeunes et la paix. »

Des enjeux économiques et culturels en péril

L’impact économique du festival pour la ville de Goma est indéniable. En accueillant des délégations et visiteurs internationaux, cet événement booste les secteurs de l’hôtellerie, du transport et du commerce local. Au-delà de l’économie, le festival est un espace d’expression artistique unique, offrant une plateforme aux jeunes talents pour se faire entendre et promouvoir leur culture.

Une annulation qui interpelle les dirigeants

Dans un contexte où la jeunesse congolaise aspire à un avenir meilleur, cette annulation soulève des interrogations sur les priorités des autorités locales.

« Certains d’entre vous ne contribuent en rien à l’avancement de ce pays, mais lorsqu’un projet ambitieux émerge, vous êtes les premiers à l’étouffer », a dénoncé Baloume dans un ton empreint de colère.

Et maintenant ?

Alors que les organisateurs et les artistes digèrent cette décision, la communauté espère que le message sera entendu par les autorités. Le Festival Amani, au-delà de son rôle culturel, reste un pilier de résilience et un rappel des aspirations des populations du Nord-Kivu à vivre dans une paix durable.

L’annulation de cet événement pourrait bien être une opportunité pour réévaluer le soutien nécessaire aux initiatives citoyennes, et relancer le dialogue entre les dirigeants et leur population.
La culture, souvent perçue comme une échappatoire aux traumatismes, mérite une place centrale dans les politiques locales, et le Festival Amani pourrait en être le fer de lance.

Albert Raphaël Ahindo

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